La socio-esthétique en maison de retraite : Comment renforcer l’estime de soi ?

La socio-esthétique en maison de retraite

Cette discipline à la croisée des chemins entre soins esthétiques et soins relationnels, existe depuis plus de 30 ans. Validée par une formation, le CODES (cours d’esthétique à option humanitaire et sociale) dispensée au départ à l’hôpital Bretonneau de Tours, la socio-esthétique a longtemps concerné essentiellement les femmes atteintes de cancer.

Aujourd’hui, elle se développe en gériatrie, au cœur des maisons de retraite et en EHPAD pour le plus grand bonheur des résidents.

Pour Corinne Prat, socio-esthéticienne chevronnée, exerçant notamment à l’unité de soins longue durée du pôle médico-gérontologique et soins palliatifs du Centre hospitalier de Courbevoie-Neuilly-Puteaux :

 «Il s’agit avant tout d’apporter confort et réconfort aux personnes fragilisées sur les plans sociaux, physiques et psychiques.»

Totalement gratuit pour les résidents, le soin vient réparer l’image de soi.

Ainsi, un modelage des mains permettra de nouer le contact, d’établir un lien de confiance, puis de partager des histoires de vie. C’est parfois l’occasion pour une personne âgée de sortir de sa chambre, de se détendre.

 « Les bains de pieds sont également très appréciés, pour leurs vertus relaxantes explique Corinne Prat sur Agevillage. Le tout sur un fond musical, avec des gazouillis d’oiseau ou le bruit de la mer, au choix.» D’ailleurs, dans ce domaine, l’important est de toujours laisser le choix à l’autre :

« Deux dimensions sont essentielles «la liberté et le temps» : prendre son temps, ce que les soignants n’ont bien sûr pas la possibilité de faire, et laisser les patients libres de choisir, une couleur de vernis, un parfum, comme de refuser un soin. » insiste-t-elle. 

Une méthode qui porte ses fruits y compris auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

« Préserver son apparence permet de maintenir son identité d’homme ou de femme, de retrouver la perception de sa dignité par le regard valorisant de l’autre et influence positivement les relations sociales.» explique-t-on sur le site du Journal International de Médecine, JIM. Un atout développé lors du 6ème Colloque des approches non-médicamenteuses de la maladie d’Alzheimer qui s’est tenu à Paris, les 14 et 15 novembre 2013.

«La socio-esthétique fonctionne particulièrement bien en cas de troubles cognitifs, même importants, car elle ne fait appel à aucune intellectualisation, juste au ressenti. Des perceptions telles que l’odeur agréable d’un parfum ou d’une crème et les sensations tactiles vont renvoyer la personne à des plaisirs, déclencher des souvenirs. L’atmosphère créée va lui offrir un cocon dans lequel elle se sent en sécurité, et lui permettre de se détendre, de s’évader et de s’exprimer.»confirme Corinne Prat.

Stimuler les sens des personnes atteintes d’Alzheimer, est une pratique répandue en maison de retraite, au sein de l’espace Snoezelen, comme nous l’avons vu dans un précédent article : Détente, relaxation, stimulation : Les bienfaits de l’espace Snoezelen en maison de retraite

Notamment le toucher qui reste très vif chez les patients Alzheimer car c’est « le dernier de nos sens à s’éteindre.»

La socio-esthétique vient apporter une touche, une dimension supplémentaire. Celle de continuer à plaire, en commençant par se plaire, au-delà de la maladie, et bien plus encore en dépit de l’âge.