Virage domiciliaire : La Drees compare les personnes âgées à domicile et en établissement
Le 3 février dernier, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) a publié l’étude “Qui vit à domicile, qui vit en établissement parmi les personnes de 60 ans ou plus ?” Les résultats de cette enquête apportent des informations clés dans le cadre du “virage domiciliaire” entamé par le gouvernement.
Quelles sont les caractéristiques démographiques et socio-économiques des personnes âgées en établissement et à domicile?
L’étude de la Drees présente une comparaison inédite des personnes âgées de 60 ans ou plus selon leur lieu de vie, à domicile ou en établissement. Elle se base sur les données récoltées lors de deux enquêtes Capacités, aides et ressources des seniors (Care) qu’elle a menées en 2015 et en 2016 incluant les personnes âgées vivant en logement ordinaire, en résidence autonomie, en Ehpad, en maison de retraite non médicalisée et en unités de soins de longue durée (USLD).
Ainsi, selon les résultats de ces deux enquêtes, les résidents d’établissements pour personnes âgées sont davantage des femmes que des hommes et cette proportion augmente au-delà de 75 ans. Avant 80 ans, les conditions socio-démographiques des personnes âgées à domicile diffèrent considérablement de celles qui sont en établissement. En effet, comme chiffre marquant, on retient notamment que seuls 13% de résidents d’établissements sont en couple, par rapport à 64% à domicile. Par ailleurs, sur ces 13%, 8% ont un conjoint dans un autre établissement ou vivant à domicile et 5% ont leur conjoint dans le même établissement. Plus on avance en âge et plus les pourcentages à domicile tendent vers ceux que l’on constate en établissement puisqu’à domicile, la proportion de personnes en couple décroît régulièrement avec l’âge, passant de 75 % à 60 ans à moins de 10 % après 95 ans, tandis qu’elle est constamment faible en établissement, quel que soit l’âge.
Cependant, ces chiffres en établissement, avant 75 ans, s’expliquent davantage par le célibat que par le divorce ou le veuvage. Concernant la composition de la famille, on constate également des différences puisqu’un quart des résidents d’établissement n’ont aucun enfant en vie et un tiers aucun petit-enfant, ce qui est supérieur aux pourcentages à domicile. Concernant les critères socio-professionnels, le niveau de revenus et le degré d'instruction, on constate que les moins de 80 ans en établissements représentent une population socialement défavorisée par rapport aux personnes du même âge vivant à domicile. En effet, la population en établissement apparaît comme économiquement plus fragile et socialement plus défavorisée.
A la lumière des résultats de cette étude, la Drees constate également que les personnes en établissement présentent davantage de troubles moteurs qu’à domicile. Ils ont par exemple plus de difficultés à se déplacer ou à monter un escalier, par exemple.
En vue du virage domiciliaire entamé par le gouvernement pour faciliter le maintien à domicile, ces informations recueillies par la Drees apportent un éclairage précieux pour mieux cibler les besoins et les objectifs dans ce domaine. Les services d’aide à domicile et d’aide à la personne devront permettre d’apporter globalement une prise en charge similaire à celle dont bénéficie actuellement les résidents d’établissements. Les résultats de la Drees permettent d’en évaluer la faisabilité et les possibilités concrètes.
Les conclusions de la Drees mettent en évidence deux problématiques importantes :
- Premièrement, sur l’accueil en un même lieu, et selon les mêmes modalités, de plusieurs publics aux caractéristiques si différentes. Les Ehpad sont par définition des établissements médico-sociaux. On pourrait dire que la fragilité économique et sociale de leurs plus jeunes résidents montre la nécessité d’une réelle prise en charge sociale. Celle-ci est-elle contradictoire avec la tendance actuelle à la médicalisation croissante des établissements ?
- Deuxièmement, mais en lien avec cette dernière question, quelles seraient les conditions de possibilités concrètes d’un maintien à domicile important, voire total, des publics actuels des Ehpad ? La DREES a rappelé récemment qu’il faudrait pouvoir accueillir 108 000 personnes âgées supplémentaires en établissement d’ici à 2030, si la proportion de personnes résidant en institution restait inchangée à chaque âge et degré de perte d’autonomie. La politique actuelle ne s’oriente pas vers le développement massif de nouvelles places en établissement, mais plutôt vers un « virage domiciliaire » motivé par le souhait exprimé par les personnes de rester à domicile.
Qu’est-ce que le virage domiciliaire ?
Le virage domiciliaire est une notion récente qui fait référence à une tendance générale du gouvernement, depuis quelques années, à vouloir adopter une série de mesures favorisant le maintien à domicile des personnes âgées en bonne santé mais également en perte d’autonomie et dépendantes. Le virage domiciliaire aurait une double utilité : celle de répondre à une volonté croissante des personnes âgées de rester vivre à domicile et d’améliorer les finances publiques puisqu’une prise en charge en Ehpad coûte cher.
Les lignes du virage domiciliaire n’ont pas encore été définies avec précision. Plusieurs mesures entrent déjà dans ce contexte. Si les services et les soins à domicile existent depuis longtemps, le virage domiciliaire a pour but d’améliorer ces prestations et de les encourager afin de permettre que les personnes âgées même dépendantes d’une assistance au quotidien (Gir 1 à 4) puissent rester vivre chez elles de manière optimale et en toute sécurité. Pour mener à bien ce virage domiciliaire, cela nécessite la collaboration et l’accord de toutes les parties concernées, à savoir les personnes concernées et leur proche, les professionnels de soin et d’accompagnement et le gouvernement.
Ainsi, par exemple, récemment, dans le cadre du nouveau budget de la Sécurité Sociale adopté pour 2023, plusieurs mesures entrent dans le cadre du virage domiciliaire entamé il y a quelques années. C’est le cas notamment d’un objectif de dépenses fixé à 37,3 milliards d'euros qui devraient être consacrés à la branche autonomie. 4000 postes supplémentaires seront également créés dans les services d’aide à domicile et une revalorisation du tarif horaire des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) qui passera de 22 à 23 euros. Les personnes âgées à domicile bénéficiant de l’APA pourront également compter sur deux heures supplémentaires par semaine consacrées au lien social.
Source : Etude de la Drees : Qui vit à domicile, qui vit en établissement parmi les personnes de 60 ans ou plus ?
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