-Sandrine B: Monsieur Boublil, pendant plusieurs jours les médias ont eu des réactions de grande inquiétude à l'égard des Ehpads, notamment de la sécurité des résidents. Est-ce à ce point justifié?
-José B: Il est très surprenant que certains n'ayant que peu de connaissance du sujet réagissent aussi brutalement. En effet, nous savons que la Chine a commencé à identifier des cas dès le mois de septembre 2019. Les gens ont circulé, et sans doute que dès la fin de l'année des personnes ont commencé à être infectées en France.
Or, comment vivent les gens en Ehpad tout le temps: ils sont réunis au salon très nombreux, certains dans la salle de télé; et déjeunent ensemble également. Cette promiscuité, qui fait la qualité de la vie sociale depuis que ces établissement existent, a permis au virus de circuler.
Aucun Ehpad, aucun directeur, aucun personnel n'est donc responsable d'une situation antérieure à l'information.
-Sandrine B: qu'en est-il alors de la sécurité depuis dans les Ehpad?
-José B: tout d'abord, il faut rappeler combien la population dans les Ehpad est fragile: il s'agit pour une très grande partie de gens qui ont plus de 85 ans , beaucoup sont atteints de la maladie d'Azheimer, de Parkinson; d'autres ont fait un AVC. Il s'agit d'une population très exposée à la moindre agression virale ou bactérienne. Cette population n'est pas comparable à celle , âgée, de ceux qui vivent seuls:
il y entre les deux population 10 ans d'écart, et des pathologies lourdes en plus. On ne pourra jamais comparer les deux statistiques.
Pour ces raisons, dès que l'information du danger est parvenue, la quasi totalité des 8500 Ehpad de France ont décidé :
>de confiner les personnes dans leur chambre
>d'obtenir des assurances de l'Etat d'être prioritaire pour l'obtention de masques, de tests préventifs, et une ambulance en cas d'urgence.
>mais en portant un masque lorsqu'il y en a, et des gants, les résidents reçoivent la visite régulière du médecin, de l'infirmier pour prendre la température et la tension. De plus les repas sont portés dans les chambres avec le maximum de précaution possible.
Ainsi, les résidents d'Ehpad sont désormais en sécurité , tout en étant entourés; même si le risque zéro ne peut exister. Les personnes seules ne bénéficient pas toujours de cette attention, et sont en danger à la moindre chute avec fracture,une fausse route ou un AVC.
Enfin, pour les familles qui nous contactent, nous sommes en mesure de les orienter vers des Ehpad où très peu de cas graves ont été recensés.
-Sandrine B: comment voyez-vous l'avenir pour cette population?
-José B: depuis quelques semaines, de nombreuses familles inquiètes ont décidé de retarder l'entrée de leur proche dans un Ehpad. Ce qui se comprend au vu des informations en provenance de ces établissements. Mais lorsque la décision est prise c'est que bien souvent les familles ont trop de mal à soulager seules ces personnes. Et seule la maison de retraite peut remplacer le domicile familial. Ainsi, il risque d'y avoir un tel afflux dans deux ou trois mois que de nombreuses maisons ne pourront plus accueillir de résidents. Il faudra alors se satisfaire d'options moins adapatées, plus loin, plus chères etc...
Pour terminer avec une note d'optimisme, je suis intimement convaincu que ce séisme sanitaire va s'atténuer considérablement dans les prochaines semaines, et que chaque famille pourra à nouveau retrouver avec bonheur le père ou la mère ou encore le Papy et la Mamie dans le petit jardin de la résidence.
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