Maison de retraite pour chiens à Marseille!

À chacun sa méthode pour quitter "l'orphelinat". Il y a "les sensibles", qui appâtent avec l'œil humide et des trémolos dans l'aboiement. "Les cabotins" qui posent devant les grilles. "Les joueurs" qui multiplient les acrobaties. "Les agressifs", tous crocs dehors, plus grande gueule que méchants. Et puis, il y a "les résignés", las de ce ballet de maîtres potentiels, qui jettent un œil désabusé aux curieux, sans se faire d'illusion, convaincus de finir leur vie de l'autre côté du refuge, dans la maison de retraite pour chiens, aux côtés des anciens.


Difficile de ne pas avoir le cœur serré à la vue de ces bêtes sans maison, entassées dans les box de la SPA de Marseille, à la Valentine, avec le secret espoir de rencontrer l'amour. Mais en ces temps de "crise économique", l'adoptant se faire rare. Et le refuge explose. "2008 est une année extrêmement difficile, se désespère Eric Dunoyer, responsable de la SPA Marseille. Avec 300 chiens et plus de 250 chats, on avait atteint nos seuils d'été en avril. Alors que les autres années, nous étions seulement à la moitié". Avec 20 nouvelles arrivées par jour, il va bientôt falloir repousser les limites des 6 000 m². "50 box supplémentaires pouvant accueillir 2 chiens sont prévus pour la rentrée 2009. Mais, virtuellement, ils sont déjà pleins, se désole Eric Dunoyer. On a l'impression que c'est un puits sans fond". En cause, les trop rares adoptions par rapport à la flambée des abandons. "Plus 20% par rapport à l'année dernière", souligne-t-il.


C'est que les pauvres bêtes, véritables objets de consommation avec "tête de gondole" dans les animaleries et facilité de paiement à la caisse, sont "virées" à la moindre occasion. Un déménagement, une naissance, une hospitalisation, un départ en vacances, un caprice... "Quand je vois un couple qui abandonne un Rottweiller et demande à faire le tour du refuge en vue d'une nouvelle adoption à leur retour de vacances, je m'interroge sur la nature de l'engagement de certaines personnes", peste Eric Dunoyer. En dehors de ces achats ou adoptions "coup de cœur" qui tournent vite court, la SPA dénonce aussi le fléau des trafics de chiens qui alimente considérablement ce "business de l'animal de compagnie". "Dans certains pays de l'est, explique le responsable, il y a carrément des usines à grossesses. Les chiennes font portée sur portée".


Plusieurs dizaines de milliers de chiots arrivent tous les ans dans les animaleries, entassés dans des camions, après avoir transité par l'Espagne ou la Belgique. "Ils arrivent souvent dans des conditions dramatiques. Ces animaux sont rarement équilibrés". Et deviennent, forcément, des candidats potentiels à l'abandon. Cette année encore, avec la multiplication des lois sur les chiens dangereux, le "délit de sale gueule" a fait de nombreuses victimes. "Mais en règle générale, ce sont les gros chiens qui sont le plus souvent abandonnés, surtout en milieu urbain, concède Eric Dunoyer. Difficile de vivre avec un Terre-neuve dans un deux pièces!"



Source: laprovence.com


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