La maison de retraite va célébrer le mariage entre deux de ses résidents!

Lundi après-midi, Raymonde Morice et Jacques Letard se diront « oui » à l'hôtel de ville de Caen.

Raymonde et Jacques, 85 et 74 ans, se sont rencontrés en 1995 et vivent aujourd'hui à la Charité,résidence pour personnes âgées du CHU de Caen. Lundi, ils se passeront la bague au doigt.
Il la regarde avec tendresse. Elle esquisse un sourire discret. Ils s'aiment, à n'en pas douter. Dès qu'ils en ont l'occasion, ces deux inséparables se bécotent. Pas besoin de leur demander, leurs lèvres s'attirent comme des aimants.
Lundi, à 15 h, Raymonde Morice, 85 ans, ancienne ouvrière dans une entreprise de nettoyage de sacs en toile de jute, et Jacques Letard, 74 ans, ex-ouvrier agricole, se passeront la bague au doigt à la mairie de Caen. Ils se dirigeront ensuite vers la maison de retraite de la Charité, résidence pour personnes âgées du CHU plantée dans le quartier de La Guérinière, quartier du sud de la ville. C'est ici qu'ils vivent : lui depuis six ans à la suite d'un AVC, accident cardio-vasculaire, qui l'a en partie paralysé ; elle depuis un an et demi. Les nouveaux mariés partageront des petits fours avec le personnel et les autres résidents du deuxième étage du pavillon Corot, avant de fêter l'événement dans une salle en petit comité. En famille.
L'un des six enfants de l'octogénaire, Chantal, conserve précieusement les alliances dans son sac. Elle est aux anges pour sa mère. « Ce qui m'importait, c'était le bonheur de maman. Elle finira heureuse avec quelqu'un plein de gentillesse. Situation qu'elle a peu connue dans sa vie, avec son mari, mon père. » Raymonde est veuve depuis 1976. Jacques, lui, est divorcé depuis de nombreuses années.
Lui demeurait dans l'Orne ; elle habitait une tour HLM de La Guérinière. Ils se sont croisés dans le quartier en 1995. « Mon gendre m'a présenté à Madame », lance fièrement Jacques. Au fil de promenades, ils se sont rapprochés. Les tourtereaux s'envolaient dès qu'ils le pouvaient : dans la « petite voiture » de Jacques ou en car. Ils ont vécu ensemble dans l'appartement de Raymonde.

« Dans la même chambre »

« Ils se sont tout de suite très bien entendus. ». Chantal parle d'eux comme d'« amoureux platoniques ». Quand Jacques a subi un AVC, les médecins ne donnaient pas cher de sa peau. Il est resté durant deux mois et demi dans le coma. « Maman était auprès de lui. Même quand elle ne sera plus là, il sait qu'on s'occupera toujours de lui. »
Jacques a intégré la Charité. Raymonde venait passer chaque journée avec lui jusqu'à ce qu'elle le rejoigne : la maladie de Parkinson l'a atteinte voici deux ans. Les cordes vocales sont touchées : peu de mots sortent de sa bouche.
Voici quelques mois, ils ont pu se retrouver dans la même chambre, aujourd'hui tapissée de photos des petits-enfants, ainsi que des arrière-petits-enfants pour Raymonde. Même dans leurs lits, placés face à face, leur regard est tourné vers l'autre. Ils se baladent, jouent aux dominos. Ce qu'ils aiment chez l'autre ? « Sa gentillesse... » Réflexion faite : « Tout ! », ponctuent de concert les amoureux de la maison de retraite.

Source: Ouest France