Maison de retraite, à quel prix?
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L'héritage de riches commerçants détourné ?
Ce couple de commerçants possédait des appartements et des ensembles immobiliers dans la région. Hier, un homme était jugé à Nantes pour abus de faiblesse. Ce gestionnaire de patrimoine avait hérité.
« On n'est pas là pour faire de la morale », avertit l'avocate de la défense, Me Amel Maugin. Question de morale, la leçon serait rapide. « Ce n'est pas joli-joli », confirme t-elle. Mais le tribunal est face à une autre question : ce gestionnaire de patrimoine a t-il abusé de la vulnérabilité d'un couple de personnes âgées ? Cet homme amoureux des affaires et d'équitation a t-il trompé un couple d'anciens commerçants qui possédait un riche patrimoine immobilier estimé à l'époque à plus d'un million d'euros ?
Lui, 48 ans, gère à Nantes, une société de placement et de vente de produits d'épargne. Il possède aussi un immeuble et des appartements. Au Cellier, il élève des chevaux. Logé à titre gracieux dans la propriété de son père, sa société et ses biens immobiliers lui procurent de confortables revenus.
Marcel et Marie-Thérèse Bernardeau étaient de riches commerçants nantais, sans enfants. À 85 et 87 ans, ils ont décidé de s'installer dans une maison de retraite à Héric. Marie-Thérèse, femme autoritaire, tient les cordons de la bourse. Mais se plaint de ne plus pouvoir gérer tout son patrimoine.
Des curiosités
Six mois après son arrivée à la maison de retraite, l'été 2000, le directeur lui fait rencontrer le prévenu. Chaque semaine, elle recevra sa visite et parfois des fleurs. Des visites à chaque fois facturées, puisque l'homme de confiance est désormais le gestionnaire des affaires du couple. Lequel, onze mois plus tard, est couché sur le testament du couple, comme légataire universel.
Dans un précédent testament, c'était le centre anti-cancéreux Gauducheau qui devait hériter. Le procureur relève des « curiosités ». Un nouveau notaire est désigné par le prévenu lui-même. Les deux témoins présents sont l'ancienne cuisinière de la maison de retraite et un ancien collègue du gestionnaire. « Le couple a lu des papiers qu'ils avaient dans les mains », s'étonne la présidente.
En 2002 et 2003, les époux décèdent. Le gestionnaire hérite et touche aussi le bénéfice de l'assurance-vie du couple. Ces vieux commerçants étaient-ils vulnérables et surtout Marie-Thérèse ? Le procureur n'a aucun doute. « Elle était dépressive et a été hospitalisée en psychiatrie plusieurs fois. Son notaire a parlé d'une fragilité psychologique. » Son médecin doutait de sa parfaite compréhension des choses : « Elle pouvait être sous influence pour rompre sa solitude. » Le prévenu parle d'une femme intelligente, lucide qui épluchait tous ses comptes. Même si, a t'il-dit, elle ne lisait pas et ne comprenait pas forcément tous les documents qu'elle signait. Pas vulnérable pour un sou, plaide bec et ongle l'avocate de la défense. « Mon client est un honnête homme ». Le procureur requiert une peine ferme. 18 mois dont 12 avec sursis et 30 000 € d'amende. Jugement le 14 janvier. Jugement très attendu par les deux membres de la famille présents à l'audience.
Source: Ouest-France
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