Un cadran solaire pour la maison de retraite de Trun

Les personnes âgées sont interpelées par le temps qui passe, ainsi, ce cadran solaire véhicule un message important, en plus de donner l'heure exacte. Au dessus du système d'aiguillage, sont inscrits les mots Carpe Diem, "profite du moment présent". Ce n'est pas par hasard ! Une vie peut être longue et vide si on ne se soucie pas de bien s'entourer, de partager et de cultiver certaines valeurs, et parallèlement, une vie peut être courte et très remplie.  C'est l'idée que l'on voulait faire passer aux résidents de la maison de retraite "peu importe le nombre d'années qu'il vous reste à vivre, vivez les pleinement". Au troisième âge, l'essentiel n'est plus la quantité, mais bel et bien la qualité.



Ce cadran solaire a demandé un travail de titan. Pour mettre en place ce type de fonctionnement, il faut prendre en compte la longitude et la latitude de la localisation du lieu, il faut établir plusieurs calculs géométriques et trigonométriques tenant compte des données astronomiques...

Ainsi, l'artiste Yves Guyot, qui exerce ce type de travaux depuis 17 ans, a réalisé un important travail en amont, depuis chez lui, afin d'arriver sur les lieux sûr de son opération et ne commettre aucune erreur, sans quoi tout serait faussé, et tout le travail serait à recommencer.

Son travail ressemble un peu à celui d'un savant fou, des piles de papiers sur lesquels sont enchaînées des formules astronomiques qui ne veulent rien dire pour la plupart d'entre nous, mais qui sont une précieuse mine d'informations pour les personnes comme Yves. Il a réalisé plus de 1500 cadrans solaires en France, mais également à l'étranger, notamment à Tokyo et au Koweït. Autant dire qu'il sait de quoi il parle.

La mise en place du cadran de la maison de retraite de Trun s'est faite en trois jours seulement sur place, trois jours qui ont fasciné les pensionnaires. Nos résidents ne voulaient plus quitter des yeux l'artiste, ils adaptaient leurs pauses aux pauses de Mr Guyot pour être sûr de ne rien rater. Notre gnomoniste cadranier explique les différentes étapes de son travail pour obtenir un produit si parfait que celui-là, « J'ai d'abord calculé, chez moi, en fonction de la longitude et de la latitude du lieu, de l'orientation de la façade et de l'inclinaison du mur, quelles devraient être les graduations du futur cadran. Puis j'ai envoyé à Jean-Paul Knedlick (agent d'entretien) une matrice en carton, munie d'un onglet, pour relever sur le mur l'ombre portée du soleil, heure par heure (horloge parlante). Ensuite on n'a plus qu'à venir peindre la table, les graduations, et sceller le style (tige en cuivre dont l'ombre indique l'heure)."

Les réglages représentent également une part importante du travail : deux heures en été à rajouter, une heure en hiver, et quelques modifications chaque mois.

Apparemment les vieilles méthodes sont toujours les meilleures, elles perdent la vedette pour un court instant, mais reviennent sur la scène avec une approbation générale. Vieux de 6000 ans, le cadran solaire est une invention chinoise. « Autrefois dans tous les villages il y avait un cadran solaire », rappelle Yves Guyot, « et quand on vieillit on se sent particulièrement concerné par la fuite du temps... ».

Une initiative qui devrait inciter les autres maisons de retraite à se mettre à l'heure !