Appartelents DOmino: une alternative à la maison de retraite

Le CMS (Centre Médico-Social) de la Région Sierroise, en Suisse, a mis en place un concept d’appartements dédié aux personnes âgées dans le but de préserver leur autonomie. Fruit d’une réflexion menée par le personnel du CMS qui évolue à domicile, le concept a pour objectif de répondre à un besoin fort, émanant de la population âgée: un habitat sécurisant qui leur octroie une indépendance suffisante. Il s’agissait donc de trouver une alternative au domicile privé et aux maisons de retraite. C’est ainsi qu’en Juin 1998 à Sierre, les premiers appartements Domino ont ouvert leurs portes ; un concept réédité plusieurs fois depuis et qui séduit, au-delà de la région Sierroise.


Qu’est ce qui a motivé la création des appartements Domino?


CMS de Sierre : En dispensant des services d’aide et de soins à domicile, nous nous sommes rendus compte qu’une partie de notre clientèle n’était plus suffisamment bien dans son domicile privé. Les raisons pouvaient varier et allaient de la solitude, à la peur d’être seul ou encore à un logement inadapté à l’avance en âge. Forts de ces constatations et pour reculer au maximum les limites du domicile, nous avons décidé d’offrir un nouveau choix de logement en créant des appartements domino.


Quels sont les éléments qui différencient les appartements Domino d’une maison de retraite ?


Les appartements domino ne peuvent pas se comparer à des maisons de retraite, car il s’agit d’un domicile privé dans lequel 4 à 6 personnes cohabitent. Les personnes paient un loyer mensuel et l’aide et les soins à domicile sont dispensés en fonction des besoins. L’appartement est intégré dans un immeuble standard avec des familles, des commerces, etc. La personne est indépendante et doit solliciter les services dont elle a besoin.


Quelle est la différence « moyenne » de coût au mois entre un appartement Domino et une chambre en maison de retraite dans votre région ?


Un locataire domino paie entre Fr. 1'000.-- et Fr. 2'000.-- pour son loyer, charges électricité, frais d’alimentation, frais d’aide et de soins à domicile. Dans un EMS, le forfait hôtelier représente Fr. 125.-- par jour pour une chambre, déductions faites des remboursements des assurances sociales.

(NDLR: 1000 francs suisses équivalent à environ 664 euros et 125 francs suisses à environ 83 euros)


Quels sont les services mis à disposition des locataires ?


Les services mis à disposition des locataires sont identiques à ceux. mis à disposition des personnes de notre région vivant à domicile, soit soins infirmiers 7 jours/ 7, soins palliatifs, aide familiale, auxiliaires, repas à domicile, ergothérapie et bénévoles.


Pouvez-vous nous expliquer comment l’autonomie des personnes âgées est garantie ?


L’autonomie des personnes est favorisée par la mise à disposition d’un logement sans barrière architecturale. La situation de l’appartement proche des commerces, au centre ville ou du village facilite également l’autonomie. L’auxiliaire de vie qui vient aider les personnes dans l’appartement quelques heures par jour va les inciter à faire ce qu’elles peuvent. Elles ont aussi l’occasion d’effectuer quelques tâches pour l’ensemble.


Les locataires ont-ils des obligations particulières ?


Les locataires n’ont pas d’obligation particulière si ce n’est de ne pas déranger les autres locataires par un comportement inapproprié.


Quelles sont les pièces de vie commune ?


Les pièces communes sont le salon, la salle à manger et la cuisine. Dans l’un ou l’autre appartement, les locataires doivent partager les sanitaires.


Y-a-t-il également des animations ou cela est-il laissé à la volonté des locataires ?


Aucune animation n’est proposée puisque notre objectif est de permettre aux personnes de rester intégrées dans la vie locale. De ce fait, elles continuent à fréquenter leur club de cartes ou les animations proposées à l’ensemble de la population par les différentes associations.


Les structures Domino possèdent des équipements spécialisés et une absence de barrières architecturales: concrètement cela signifie-t-il des espaces ouverts et la liberté d’aller et venir pour chaque habitant?


Les locataires sont libres de leurs allées et venues. Les espaces communs sont ouverts et directement accessibles lorsque l’on entre dans l’appartement. Les personnes âgées sont libres de s’y arrêter ou de poursuivre leur chemin jusque chez elles.


De quels équipements spécialisés les structures sont-elles dotées ?


Aucun équipement particulier de base n’a été mis en place, si ce n’est le choix du carrelage antidérapant ou l’ascenseur. Par la suite, le logement s’adapte aux besoins des locataires comme dans n’importe quel domicile grâce aux conseils de notre service d’ergothérapie.


Quelle est la taille moyenne des structures ? Est-ce important pour le bien-être d’une personne âgée d’habiter dans une petite structure ?


Les appartements varient entre 220 à 280 m² pour 4 à 6 personnes. Les locataires apprécient d’être dans un logement de taille normale et se sentent comme une petite famille. Ils peuvent rendre des services aux autres et ainsi retrouver un rôle et une valorisation.


D’après la photographie qui apparait sur votre site, ressort l’impression d’un véritable lieu de vie et non pas d’une structure médicalisée et aseptisée, quels « principes architecturaux » ont prévalu ?


Les principes sont simples. Il s’agit d’un appartement standard qui permet à la personne âgée d’aller et venir de manière autonome plus longtemps.


Les appartements sont intégrés à l’intérieur d’un quartier, d’un immeuble ou d’un village, le concept favorise-t-il les échanges entre les habitants et les locataires d’appartements Domino ?


Rien n’est formalisé. Les contacts sont spontanés et naturels. Des liens forts se créent aussi entre les différents locataires et les familles. Comme les personnes âgées vivaient déjà dans la région, les contacts antérieurs se poursuivent et sont ainsi facilités.


Le mélange des générations est un élément clé de la création de ces structures, comment cela se passe-t-il au quotidien ?


Les locataires ont entre 65 et 95 ans. Le mélange de ces générations, mais surtout de personnes, se passe relativement bien. Tous ces aînés ont emménagé dans cet appartement parce qu’ils n’étaient plus suffisamment bien dans leur précédent logement et ne souhaitaient pas aller en maison de retraite. Ils font donc la part des choses et partagent le bon comme, parfois aussi, le moins bon avec leurs colocataires.


Le concept est-il en usage dans toute la Suisse ou est-il spécifique de la région Sierroise ?


Le concept a été repris en 2005 dans notre canton du Valais par le Département de la santé qui demande à chaque région de développer de telles structures. Cependant, les réalisations ne sont pas encore très nombreuses en Suisse car il faut un développement des services d’aide et de soins à domicile qui, pour l’instant, est encore précaire dans bien des régions.


La première structure fêtera bientôt ses onze ans, quel bilan faites-vous ?

Le bilan est positif. Nous avons eu de nombreuses personnes âgées qui ont pu et peuvent encore vivre à domicile. Faute de cette structure, elles auraient dû être placées en maison de retraite avec le coût que cela implique. Elles auraient « pris » la place d’une personne qui aurait vraiment eu besoin de soins 24 h/24. Depuis 1998, nous avons eu 65 locataires différents, 43 femmes et 21 hommes. 20 personnes sont décédées dont 8 à domicile. Seules 16 personnes ont été placées en maison de retraite.



Source: Capgeris