Chutes et personnes âgées : quelles sont les causes et comment les prévenir ?

Une chute, même minime, peut avoir de lourdes conséquences dans la vie d’une personne âgée. En effet, même s’il s’agit de fractures que l’on peut soigner, le fait d’être immobilisé un certain temps, voire d’être contraint d’effectuer un séjour à l’hôpital, peut faire diminuer par la suite l’autonomie de la personne. Avec l’âge, il est beaucoup plus difficile de retrouver une parfaite mobilité et nombre de seniors deviennent plus dépendants à la suite d’une chute. La prévention des chutes reste donc le meilleur moyen de préserver l’autonomie chez la personne âgée. Pour ce faire, il est important de se pencher sur les facteurs de risque qui peuvent favoriser les chutes. 

Risques de chutes chez les personnes âgées : quelles sont les causes principales ?

Première cause fréquente de chutes chez les personnes âgées : les troubles de l’équilibre

Les personnes âgées peuvent être davantage sujets à des troubles de l’équilibre avec une sensation de vertige, surtout lorsque l’on passe d’une position assise à debout, ou même pendant la marche lorsque l’on éprouve soudain une sensation de faiblesse. 

Ces troubles peuvent avoir différentes causes : 

1. Des difficultés visuelles, une fatigue des yeux

2. Des troubles de l’oreille interne

3. Des maladies neurologiques : Alzheimer, Parkinson, la sclérose en plaque

4. Une hypotension orthostatique ou baisse de tension artérielle au moment d'un effort 

5. La prise de certains médicaments

Quels sont les médicaments qui favorisent les chutes chez les personnes âgées ? 

En ce qui concerne les médicaments, plusieurs types de traitements ont été identifiés comme accentuant les troubles de l’équilibre et donc les chutes. Il s’agit essentiellement de : 

1. Certains anti-douleurs, médicaments contre l’incontinence et antiépileptiques. Les médicaments de cette catégorie agissent en effet souvent sur le système nerveux avec des effets sédatifs qui peuvent créer ou aggraver des troubles de la mémoire ou de la motricité.

2. Certains antibiotiques et cytotoxiques que l’on utilise surtout dans le traitement des cancers peuvent causer des vertiges qui occasionnent une perte d’équilibre.

3. Il existe également une large gamme de médicaments pour des affections variées qui peuvent causer ou aggraver des facteurs de chute. C’est le cas par exemple des antipaludiques ou antiarythmiques qui peuvent engendrer des troubles du fonctionnement du coeur, de certains laxatifs ou diurétiques et de médicaments qui peuvent causer des anémies, une faiblesse des muscles et des tendons ou des troubles du rythme cardiaque. 

4. Certains médicaments qui agissent sur le système cardiovasculaire comme les médicaments contre l'hypertension, des antiparkinsoniens ou antidiabétiques

Toute prise de médicaments doit être évaluée avec précaution et en regard des éventuels effets indésirables qu’elle peut causer, surtout chez les personnes âgées. Il est recommandé de consulter fréquemment son médecin traitant, afin de réexaminer régulièrement la nécessité des traitements et la possibilité éventuelle d'une diminution de la posologie pour tenir compte des risques accrus de chutes. 

Seconde cause fréquente de chutes chez les personnes âgées : ostéoporose et fragilité osseuse

On estime que l’ostéoporose est à l’origine de près de 400 000 fractures chaque année en France. Elle est souvent responsable des chutes chez les personnes âgées. Rappelons que l’OMS définit l’ostéoporose de la manière suivante : « L’ostéoporose est une maladie généralisée du squelette, caractérisée par une densité osseuse basse et des altérations de la microarchitecture osseuse, responsable d’une fragilité osseuse exagérée et donc d’un risque élevé de fracture. »

L’ostéoporose n’est pourtant pas une fatalité. Il est possible de stopper son évolution et parfois même de l’inverser en adoptant les bons réflexes. La prévention est également fondamentale et il est possible de prévenir son apparition notamment par des exercices physiques adaptés, un apport de vitamines et minéraux indispensables à la santé des os, une diminution de l’inflammation chronique et l’entretien du sens de l’équilibre. Il est important également de veiller à la qualité et à la quantité de son sommeil qui représente un facteur important de risques d’ostéoporose comme de nombreuses autres maladies. 

Veiller aux différentes causes possibles de chutes chez les personnes âgées pour tenter de les diminuer est indispensable dans une bonne prise en charge à domicile comme en Ehpad. Il est important de veiller également à aménager le lieu de vie de manière à le sécuriser. Penser à retirer certains meubles qui peuvent devenir des obstacles dangereux, installer des barres de soutien, s’équiper éventuellement de monte-escaliers électriques  et d’autres solutions de maintien à domicile de ce type peuvent sauver la vie de notre proche et veiller à son autonomie. 

Qu’est-ce que le plan antichute des personnes âgées ?

Conscient de cette réalité, le gouvernement, a adopté, en collaboration avec les acteurs régionaux et notamment les ARS,  un nouveau plan d’action pour lutter contre les chutes chez les personnes âgées. Lancé le 21 février 2022 par l’ex-ministre  déléguée chargée de l'autonomie, Brigitte Bourguignon, le plan antichute du gouvernement est enfin prêt pour être majoritairement appliqué en 2023. Rappelons que ce plan a pour objectif de réduire de 20% les chutes mortelles et invalidantes des personnes âgées d'ici 2024, en mobilisant les régions guidées par les agences régionales de santé (ARS).

Les cinq axes du plan antichute des personnes âgées

Ce plan comprend cinq axes essentiels qui devront être déclinés dans chaque région par le biais des ARS pour coordonner une action efficace sur le terrain : 

1. Savoir repérer les risques de chutes et alerter

2. Aménager son logement pour éviter les risques de chute

3. Des aides techniques à la mobilité faites pour tous

4. L'activité physique, meilleure arme antichute

5. La téléassistance pour tous

Un plan “très ambitieux mais réalisable”, selon Christine Abrossimov, coordonnatrice nationale du plan. 

Dans le volet national du plan, plus de vingt actions précisant les cinq axes ont été énumérées. Parmi les actions énumérées et développées dans le plan national antichute, on pourra en retenir quelques unes à titre d’exemple : 

1. Mener une vaste campagne de formations et d’information auprès des professionnels et des intéressés sur les risques de chutes et de repérages des risques du logement

2. Soutenir le développement et relayer le dispositif Ma Prime Adapt’

3. Favoriser la réduction du coût et du reste à charge des aides techniques les plus pertinentes

4. Développer l’offre d’activités physiques pour les seniors 

5. Généraliser le recours à la téléassistance

6. Adapter l’environnement extérieur pour faciliter les déplacements  

Ainsi, les chutes des personnes âgées représentent une véritable préoccupation de santé publique. Si le gouvernement a décidé de réagir notamment sous la forme de l’adoption de son plan antichute, nous pouvons tous jouer un rôle important pour nous-mêmes ou pour nos proches en participant aux campagnes d’information, en restant vigilants et en adoptant les bons réflexes pour sécuriser l’environnement et le domicile des personnes âgées.