En maison de retraite et... en vacances!

Une résidence touristique en Dordogne a aménagé son site afin d'accueillir des résidents de maisons de retraite avec leurs soignants pour une semaine de vacances en juin. Une initiative qui se développe, tant elle fait de bien aux personnes âgées.


YVES a quitté la table en plein repas pour aller jeter du pain aux poissons dans le lac. Hilare, accoudé à la balustrade, il contemple la nature verdoyante, indifférent aux nuages noirs qui menacent. Personne pour le houspiller, le ramener à table ou lui demander de finir son assiette.

Yves est en vacances. Comme ces vieilles dames en fauteuil roulant qui prennent l'apéritif sur la terrasse de leur chalet sur pilotis en écoutant Gloria Lasso. Une scène joyeuse... et totalement inhabituelle, dans cette résidence touristique, Quiétude Evasion, à Coly en Dordogne. Le site, moderne et charmant, accueille habituellement des fans de randonnée et des Anglais en goguette... Yves, Jeanne ou Claudine ont largement passé l'âge de faire du quad dans le Périgord. Ils vivent le reste de l'année dans des établissements publics pour personnes âgées dépendantes de la région bordelaise, entre déambulateurs et sonnettes d'alarme, repas mixés et salon télé.


« Faire des parenthèses hors de l'institution, c'est primordial »


« Ah ça, ça nous change de la maison de retraite ! » Claudine, la plus alerte, croise le regard de son aide-soignante préférée. « Oh, on est bien là-bas, je ne me plains pas. Mais ici... » Elle hésite, sourit. « Ici, on ne peut pas demander mieux ! » Par petits groupes, tout au long du mois de juin, cent quarante personnes âgées d'une dizaine d'établissements différents doivent prendre leurs quartiers d'été à Coly.


« C'est crevant mais c'est beaucoup de plaisir », explique Annie, joviale infirmière d'une maison de retraite en Gironde (à Ceyssac) qui accompagne cinq résidantes - dont trois en fauteuil - avec deux aides-soignantes volontaires. « Faire ensemble des parenthèses hors de l'institution, c'est primordial. Pour nous aussi, ça change tout. L'idée, c'est de sortir du quotidien. On n'a pas d'impératifs horaires, ils se lèvent à l'heure qu'ils veulent, on dort avec eux, on mange avec eux... Et on est vraiment à leur disposition. Le matin c'est Que voulez-vous faire ? » Passé l'angoisse du premier soir et des habitudes chamboulées, les personnes âgées sortent de leur chrysalide. Osent dire : « J'ai envie. » D'une balade en gabarre sur la Dordogne, d'un pique-nique au gouffre de Promeyssac, d'un simple chocolat en terrasse... Le minibus est toujours prêt. « On voulait aller à Lascaux, mais ce n'est pas accessible aux handicapés », regrette Claudine, qui n'a pas voulu laisser Jeanne et son fauteuil en carafe. « Alors hier, on est restés au cottage. » C'est encore là que les résidants sont les plus heureux, dans l'atmosphère familiale d'une petite maison de vacances au bord de l'eau. Tout a été aménagé pour les accueillir : rampes d'accès, douche avec siège, kitchenette rabaissée. Le groupe Quiétude, qui gère aussi bien des résidences de tourisme que des maisons de retraite, a investi délibérément dans cet accueil particulier. Quitte à en faire la promotion, là où généralement les centres de vacances redoutent de faire fuir les clients. « Pour nous ce n'est pas uniquement une opportunité pour remplir nos structures hors saison », insiste Christophe Piffard, le directeur de Quiétude Seniors. « On travaille à sécuriser l'accueil sur le plan médical avec les maisons de retraite du coin, plutôt que d'envoyer les gens à l'hôpital en cas de problème. Et surtout, on réfléchit au sens de cet accueil. On envisage de mettre des ânes autour du lac et de créer des ateliers-jardins thérapeutiques. L'idée, c'est que même les personnes démentes retrouvent ici des émotions de vacances... »



Source: leparisien.fr


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