La maison de retraite a organisé des Olympiades

Les retraités ont pu participer à des épreuves d'adresse redoutables. (photo philippe bataille)


Bataille de sages


L'intervention des pompiers, appelés à la rescousse pour un malheureux saignement de nez, est passée totalement inaperçue dans le brouhaha de la salle polyvalente de Mirepoix.

Cramponnés à leur banc, les participants des 12èmes Olympiades de la retraite sportive au point mort pour cause de rhumatisme ou de pacemaker capricieux n'ont d'yeux que pour ceux qui se battent comme des coqs dans les épreuves d'adresse et d'équilibre organisées par le Comité départemental de la retraite sportive du Gers. « Je me suis arrêtée parce que j'étais trop fatiguée », s'excuse une mémé de Lombez haute comme trois pommes. « Mais je suis l'évolution de mon équipe qui vient de marquer des points au billard. »


Trois drôles de dames


Lancée sur le parcours d'équilibre comme Mohammed Ali sur les rings de Las Vegas, Marie, la flèche de Saint-Clar en robe légère et lunettes vertes, saute d'un obstacle à l'autre. Sans peur ni reproche. « Je suis là pour gagner la coupe », confie la septuagénaire sans une pensée pour Coubertin et sa pommade pour loosers. « L'an dernier, on l'a emportée, alors on a intérêt à revenir avec à la maison de retraite ce soir. »

Le marchepied, les cerceaux, le slalom entre les plots jaunes, elle en fait son affaire. Elle a assez répété pour ça depuis des mois avec ses copines de Saint-Clar et Dominique, l'animatrice du Coders 32 : « On a fait des exercices depuis plusieurs mois pour être en forme, explique Marie, alors, c'est plus facile que ce que j'avais imaginé. »

Sur la ligne d'arrivée, la championne est déçue. Pas de claps, pas de « hourras », pas d'admirateurs énamourés applaudissant à tout rompre. Un attroupement s'est formé autour du billard, où un trio de drôles de dames donne le tournis à Jean et ses copains en faisant le casse du siècle. 40 points pour Marinette, 35 pour Paulette, 45 pour Jeannette... les vieux loups cloués sur leur banc en attendant de prendre leur revanche vont devoir s'accrocher pour faire aussi bien que la gente féminine. « Elles sont assez impressionnantes, indique Jean, elles n'arrêtent pas de marquer des points. »

Sourde à leurs commentaires, Paulette en remet une couche. Et de 20 ! Stanislas, le presque doyen des Olympiades, 95 ans tout rond, s'est levé d'un bond avec sa canne anglaise pour assister au massacre. Sur le banc, la fine équipe de septuagénaires est déconfite. « Je ne me suis pas beaucoup entraînée à ce jeu à la maison de retraite parce que je ne le connaissais pas vraiment », se défend la mémé. « Je crois bien qu'aujourd'hui, la chance est avec moi. »

Un homme s'est approché près d'elle pour la féliciter. Avant de tenter une approche. Les Olympiades, c'est une occasion rêvée pour trouver chaussure à son pied ou, le temps d'un regard, s'encanailler sur fond de performances sportives : « Je le reconnais, concède Paulette, on s'est déjà rencontrés lors de précédentes manifestations. »

En quelques secondes, Paulette, la veinarde, a déjà filé. On s'agite autour du panier de basket à points. Panier mobile dans lequel les ballons rentrent systématiquement avec l'aide de la providence divine. Dès qu'une balle se présente, une bénévole se charge de tordre le panier pour récupérer la balle. Heureusement que l'on n'a pas encore inventé la lutte antitrucage...



Source: Sud Ouest