Chez un proche âgé, identifier à temps un syndrome de glissement ou même l’anticiper, peut lui sauver la vie. Phénomène encore trop méconnu du grand public, on peut hélas passer à côté de signes pourtant révélateurs. Comment déceler son apparition ? Que faire en cas de doute ? Peut-on le prévenir et le traiter ? Pour protéger nos aînés, il est impératif de mieux comprendre le syndrome de glissement et d’adopter l’attitude adéquate.
Perte d’appétit ou d'intérêt, repli sur soi, mutisme, tristesse. Comment savoir s’il s’agit d’une baisse de tonus passagère chez un proche ou de signaux d’alerte révélant un syndrome de glissement ? Aidant familial, proche, voisin, chacun de nous peut un jour être confronté à une personne âgée souffrant de ce syndrome.
C’est le gériatre Jean Carrié qui, pour la première fois, a évoqué et décrit les caractéristiques du syndrome de glissement comme « un processus d’involution et de sénescence porté à son état le plus complet ». Le terme de “glissement”, attribué par la suite, exprime une dégradation de l’état du patient qui se sent “glisser” peu à peu. On le qualifie même de “suicide inconscient”. Il concerne 1 à 4 % des personnes hospitalisées âgées de plus de 70 ans et particulièrement fragiles, mais avec une moyenne plutôt située autour des 80 ans.
Le syndrome de glissement se caractérise par un changement de comportement assez soudain chez une personne âgée, accompagné d’une perte d’autonomie. Une personne même parfaitement autonome peut ainsi perdre subitement le goût de la vie et refuser d’exécuter les gestes essentiels du quotidien comme manger, se laver ou se lever, alors qu’elle était parfaitement capable de le faire avant l’apparition du syndrome. Cette dépendance n’est au départ pas physique mais engendre une réelle incapacité à se débrouiller sans l’aide d’un tiers. Elle peut s’accompagner de diverses angoisses comme la peur de se retrouver seule, par exemple.
Ces signaux d’alerte ne doivent en aucun cas être pris à la légère et ils représentent un véritable danger pour la personne. Le manque de mouvement crée un risque d’atrophie des muscles, le corps s’affaiblit faute d’alimentation correcte et de soins, créant un terrain propice aux infections, souvent pulmonaires. Cette situation peut hélas aboutir à un décès., ce qui arrive dans plus de 80% des cas. Il est important de préciser que son évolution est très sévère mais pas irréversible. Même si dans la majorité des cas, le syndrome de glissement conduit au décès, les personnes qui le surmontent peuvent atteindre une parfaite rémission et recommencer à s’alimenter, à communiquer et à aller mieux psychologiquement. Les personnes qui en guérissent auront davantage de chances de retrouver leur autonomie si le syndrome est découvert et traité à temps. Il convient cependant de rester vigilant pour éviter tout risque de rechute, ce qui peut être parfois le cas.
Les causes peuvent être physiques ou psychologiques. Dans la plupart des cas, après un choc comme la perte d’un proche, souvent le conjoint, une maladie aigüe, une intervention chirurgicale, une hospitalisation, une entrée en maison de retraite mal préparée et vécue comme un abandon, un accident, une fracture ou une chute et plus particulièrement s’il s’écoule un certain laps de temps avant que la personne ne soit secourue ou accompagnée de l’assistance d’un proche. Selon la fragilité de chacun, l’angoisse liée à l’événement tragique peut ainsi engendrer un syndrome de glissement, après un intervalle de quelques jours à un mois. Il touche plus fréquemment les personnes âgées de 80 ans, fragilisées et souffrant de certaines pathologies comme le diabète, les troubles cardiaques, les troubles respiratoires et des antécédents neuromusculaires.
Au vu de l’évolution brutale du syndrome et des difficultés liées à la prise en charge, la prévention est d’autant plus fondamentale et reste la façon la plus efficace de protéger son proche. Tout épisode difficile, physique ou psychologique, que la personne âgée traverse, doit être accompagné d’une attention et d’une vigilance particulières. La convalescence représente une étape cruciale durant laquelle le syndrome de glissement peut survenir. La personne doit être entourée, aidée et soutenue physiquement et psychologiquement. Lorsque la personne âgée vit seule, elle peut être particulièrement exposée et surtout en cas de chute où il est important de réagir rapidement. En effet, plus la personne aura passé du temps au sol à avoir peur, plus le rétablissement sera long, et plus elle aura des risques de développer un syndrome de glissement. Il est donc impératif de lui apporter les soins nécessaires au quotidien pour un prompt rétablissement.
La solitude étant à l'origine de nombreux problèmes de santé chez les personnes âgées, de nombreuses initiatives telles que la Semaine Bleue 2024 ont été mises en place pour lutter contre les préjugés liés au vieillissement et favoriser les échanges intergénérationnels.
Quelle que soit la raison qui mène à la décision d’entrer en maison de retraite, cette étape cruciale doit être bien vécue par l’intéressé. En l’intégrant à la décision, en lui permettant de visiter ou de choisir sur photos et vidéos lorsque les déplacements sont impossibles, en lui témoignant beaucoup d’affection et en maximisant les conditions d’une bonne intégration, on évitera qu’elle se sente abandonnée. La décision de réintégrer les visites de la famille en EHPAD durant le confinement apparaît en ce sens comme un point extrêmement positif pour la santé physique et psychologique des résidents. Les directeurs d’Ehpad sont les premiers à avoir accueilli la nouvelle avec beaucoup de soulagement pour leurs résidents, pour le personnel touché par l’épreuve difficile que le confinement lié à l’épidémie de Covid-19 représente pour ces personnes et pour les familles évidemment. Après une hospitalisation, la maison de retraite représente un lieu idéal de convalescence, afin que la personne ne se retrouve pas seule chez elle et puisse bénéficier de toute l’attention et des soins nécessaires à son rétablissement., ce qui diminue considérablement les risques de voir un syndrome de glissement s’installer.
Les symptômes du syndrome de glissement peuvent parfois passer inaperçus ou se cacher derrière les apparences d’une dépression ou d’autres syndromes liés à l’âge et à la dépendance. Pourtant, une perte d’autonomie subite, un comportement inhabituel ou un refus de s’alimenter et de se lever, doivent immédiatement alerter l’aidant et la famille.
Généralement, durant la convalescence ou après un choc émotionnel, on remarque alors que la personne s’affaiblit davantage et peine à retrouver sa forme physique et mentale, malgré une guérison apparente.
Les signes cliniques peuvent être d’ordre physique et psychologique :
Anorexie et dénutrition liées à un refus de s’alimenter ( refus d’ouvrir la bouche ou même de déglutir.
Absence de soif conduisant à une déshydratation
Fatigue généralisée et très marquée
Constipation chronique et rétention urinaire
Repli sur soi, mutisme, déclin cognitif
Opposition aux soins
Agressivité ou au contraire grande passivité
Tendance dépressive
Refus de bouger, de se lever du lit
Il est important de garder à l’esprit qu’une personne souffrant d’un syndrome de glissement ne fera pas appel à l’aide d’un tiers puisqu’elle refuse justement de se soigner. L’aidant a parfois du mal à se rendre compte rapidement de la situation et à alerter à temps un aide-soignant. Il ne vit pas forcément auprès de son parent et lors de visites même fréquentes, il est difficile de se rendre compte des changements de comportement sans les mettre sur le compte d’un refroidissement, d’une fatigue passagère ou d’autres affections liées à l’âge. Pourtant, il est fondamental de rester en permanence attentif à son état afin de déceler les symptômes le plus rapidement possible pour avoir davantage de chance de rémission. Une réaction rapide augmente les chances de guérison et peut permettre d’éviter que la personne, même remise du syndrome de glissement, ne reste dépendante du fait d’un alitement prolongé et d’une atrophie musculaire.
En cas de syndrome de glissement confirmé, une entrée en maison de retraite est souvent nécessaire car la prise en charge est complexe et les proches sont souvent dépassés par la situation et ne savent pas comment réagir face à une personne qui refuse les soins et peut même en arriver à recracher la nourriture qu’on lui donne. Une équipe de professionnels sera plus à même de prodiguer soins et accompagnement psychologique impératifs comme la prévention des escarres, un suivi psychothérapeutique, une renutrition et réhydratation progressives, la prescription des médicaments appropriés, le traitement de certaines complications comme le besoin d’une sonde rectale ou de massage en kinésithérapie. Certains cas peuvent nécessiter une hospitalisation.
Ainsi, en cas de doute ou en constatant le moindre changement de comportement chez un proche âgé, il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant, ou même à appeler les secours si ce dernier n’est pas disponible. Dans ce cas-là, il vaut mieux risquer un excès de zèle plutôt qu’une réaction trop tardive.
Les conseillers de Retraite Plus se tiennent à la disposition des familles afin de les aider à trouver une maison de retraite adaptée à l’urgence de chaque situation et aux besoins de la personne.
Equipe rédactionnelle Retraite Plus
22 avril 2020
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