Comment relever les défis du vieillissement pour une sexualité épanouie ?


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Force est de constater que la sexualité des seniors s’adapte aux nouvelles règles de la Silver Economie. Tandis que les rencontres après 50 ans battent leur plein et que les taux de divorces et de remariages chez les sexagénères sont en hausse, on estime qu’en France plus de la moitié des 65 ans est sexuellement actif. En outre, au moins un homme sur deux âgé de 70 ans et plus reconnaît avoir plus d'un rapport par semaine. A l’âge où l’on vit certains changements physiques et physiologiques, où l’on est parfois confrontés à la maladie et à une baisse de désir, comment vivre une sexualité épanouie ?  

Un âge où la sexualité évolue.

"La capacité d’avoir des relations physiques et de les apprécier se poursuit généralement jusqu’à un âge avancé."

Au-delà de l’état de santé, de la condition physique, des changements hormonaux et autres facteurs physiques liés à l’âge, les sexologues soulignent le fait que la sexualité des seniors comporte certaines caractéristiques spécifiques et diffère en plusieurs points de celle que l’on retrouve généralement chez des partenaires plus jeunes.

Contrairement aux idées reçues, la différence ne réside pas dans la fréquence ni la performance et il est tout à fait possible de vivre une sexualité épanouie au-delà des noces d’or. Même si cela exige parfois certains remaniements des habitudes et une adaptation à l’évolution de son corps, il n’y a pas d’âge pour parler d’amour. La capacité d’avoir des relations physiques et de les apprécier se poursuit généralement jusqu’à un âge avancé.

Les différences résident plutôt dans les attentes des partenaires, la manière de se préparer à l’acte sexuel et la particularité de ce dernier. En effet, la sexualité à l’âge mûr est souvent plus réfléchie, plus sensuelle que chez les jeunes, moins physique, avec allongement du temps de déclenchement de la réaction sexuelle. La période réfractaire est plus longue, c’est-à-dire que le désir ne se traduit pas par une érection immédiate, laissant la place à davantage de sensualité et rendant plus nécessaire une participation active de la femme. Les partenaires recherchent et espèrent davantage de plaisir, l’acte sexuel est plus élaboré et plus long.  Il existe une meilleure communication entre les partenaires qui apprennent à se connaître, à s’adapter au désir de l’autre, avec la volonté de donner du plaisir.

Sexologues, psychologues et médecins s’accordent à penser qu’il existe parfois des limites à dépasser comme la maladie, le manque d’intérêt ou les handicaps, mais rarement des contre-indications à l’amour, bien au contraire. L’acte sexuel est comparable, en termes d’effort sollicité, à celui que l’on doit fournir lorsque l’on monte des escaliers. Bien souvent, il est bénéfique pour la santé morale et physique et ralentit le vieillissement, et ce, quel que soit l’âge. Pour diverses raisons, souvent médicales, lorsque la sexualité n’est  plus possible, d’autres formes de tendresse et de contact physique restent indispensables pour le bon équilibre des deux conjoints. 

Les défis de la sexualité liés à l’âge

La baisse du désir

Chez les hommes, comme chez les femmes, on constate dès la quarantaine une baisse du désir et de l’intérêt pour l’acte sexuel, liée à la diminution de testostérone, une hormone qui diminue naturellement avec l’âge. Il s’agit de changements physiques et physiologiques qui peuvent avoir une grande influence sur le moral et les comportements sexuels, surtout si l’on n’en parle pas. Précisons également que certains médicaments comme des antihypertenseurs, certains antihistaminiques, des antidépresseurs et les médicaments bloquant la sécrétion d’acides peuvent avoir un effet sur le désir et le rendement sexuel.

En ayant au préalable éliminé avec son médecin toute autre cause médicale possible liée à la baisse du désir, il est important d’en discuter, de tenter de remanier les relations physiques, d’effectuer certains changements en accord avec le ou la partenaire, afin d’ajouter du piquant à la relation. La diminution du désir ne doit pas représenter un frein aux relations amoureuses. Elle exige un investissement différent, une certaine adaptation, afin d’éveiller son propre désir et celui de l’autre. 

"78 % des femmes et 58 % des hommes évoquent l'altération de l'image corporelle et la sensation de ne plus être désirables comme un facteur important d'absence de sexualité."

Les facteurs psychologiques, l’image de soi

 Il est important de souligner que plusieurs causes psychologiques peuvent également affecter la sexualité comme le stress, l’anxiété, la perte d’un proche. Chez les femmes davantage que chez les hommes, on remarque souvent que la peur de ne pas plaire, la dégradation de l’image de soi, l’impression d’être moins désirable ont un effet direct sur leur sexualité.  En effet, La sensation d'être désirable est un moteur majeur de la sexualité : 78 % des femmes et 58 % des hommes évoquent l'altération de l'image corporelle et la sensation de ne plus être désirables comme un facteur important d'absence de sexualité. Par ailleurs, plus particulièrement pour une personne qui a connu une vie sexuelle épanouie, l’interruption de l’activité sexuelle peut entraîner une vraie dépression nerveuse et donc un cercle vicieux.

A partir de la ménopause, certains facteurs physiques comme la sécheresse vaginale et  autres désagréments peuvent accentuer ce malaise. Il ne faut pas hésiter à utiliser un lubrifiant et à en parler à son médecin. 

Comment aborder la sexualité en cas de maladie ou d’incapacité ?

Plusieurs maladies peuvent impacter les capacités et le bien-être physiques, le moral et la performance sexuelle elle-même. Si chaque cas doit être abordé de manière individuelle et qu’il existe une grande variété de réactions différentes d’un individu à l’autre, il est tout de même possible de fournir certains éclaircissements. 

"Même dans le cas où l’on a subi une chirurgie cardiaque ou après un accident vasculaire cérébral, on peut, dans la plupart des cas, continuer à avoir une vie sexuelle active."

L’activité sexuelle est-elle incompatible avec une maladie ou certains antécédents cardiovasculaires ?

Contrairement aux idées reçues, une maladie ou une déficience au niveau cardiovasculaire ne signifie pas forcément la fin de l’activité sexuelle. Même dans le cas où l’on a subi une chirurgie cardiaque ou après un accident vasculaire cérébral, on peut, dans la plupart des cas, continuer à avoir une vie sexuelle active. Les médecins ont même plutôt tendance à le recommander. Certaines études ont permis de prouver que parmi les patients ayant eu une crise cardiaque, ceux qui étaient actifs sexuellement présentaient un risque réduit d’en avoir une autre à l’avenir.

Il est fondamental, par ailleurs, de s’informer de tous les facteurs permettant de prévenir un AVC comme l’alimentation et le mode de vie et des symptômes d’un AVC, afin de vivre sereinement et en bonne santé physique et morale. 

Malgré tout, les maladies et accidents cardiovasculaires peuvent représenter certaines difficultés à dépasser pour avoir des rapports sexuels satisfaisants et exigent parfois une certaine adaptation de la part des deux partenaires. Une absence de sensibilité d’un des deux côtés, des difficultés d’élocution, une érection ou une éjaculation plus difficile à obtenir pour certains hommes, une sécheresse vaginale accentuée chez la femme, sont autant de conséquences qui peuvent survenir dans le cas de problèmes cardiovasculaires et interférer dans la vie intime. En faisant preuve de patience, par une communication honnête, avec  la volonté de s’ouvrir véritablement à l’autre ainsi que grâce aux nombreux progrès de la médecine, on peut parvenir à surmonter ces difficultés. Il est important de ne pas se décourager et d’oser en parler librement à son médecin.

Dans le cas d’antécédents ou de maladies cardiovasculaires, il faudra de toute façon demander un avis médical.

"Si les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer souffrent d’agnosie visuelle, ne leur permettant plus d’identifier les visages ou les objets autour d’eux, le toucher et l’ouïe permettent de raviver certains souvenirs, de reconnaître un proche, de maintenir les liens."

Peut-on continuer à avoir une vie sexuelle active en cas de maladie d’Alzheimer ou d’autres types de démence ? 

Il est erroné de penser que les personnes souffrant de démence n’ont plus besoin de contact physique ou d’être aimées. Rappelons que la maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus courante. Si les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer souffrent d’agnosie visuelle, ne leur permettant plus d’identifier les visages ou les objets autour d’eux, le toucher et l’ouïe permettent de raviver certains souvenirs, de reconnaître un proche, de maintenir les liens.

Il est particulièrement difficile d’émettre des généralités concernant la sexualité des personnes souffrant de démence car chacun réagira différemment. Certaines personnes deviennent plus exigeantes et insensibles aux besoins des autres, d’autres peuvent parfois adopter des comportements sexuels inappropriés. L’intérêt pour la sexualité peut également varier d’une personne à l’autre, continuer chez les uns, disparaître complètement chez les autres. Il est évident que pareilles situations nécessitent de grands efforts d’adaptation et beaucoup de patience, mais, notamment selon le président de France Alzheimer Seine et Marne, il est possible de préserver ou de retrouver des moments indispensables de tendresse, même  lorsque l’un des conjoints est atteint de maladie d’Alzheimer.

Comment concilier vie sexuelle et maladies douloureuses comme arthrose et ostéoporose ?

Ces affections concernent de nombreuses personnes, parfois même dès la quarantaine. Il est évident qu’un corps douloureux ne facilite pas les relations sexuelles qui nécessitent de se sentir bien avec soi-même. Cependant, mis à part les traitements que la médecine traditionnelle et alternative proposent pour ces deux affections, il est possible de s’en accommoder. Les sexologues conseillent d’adopter des positions différentes, avec lesquelles on se sent plus à l’aise et de placer un coussin sous les hanches afin de faciliter les mouvements et de moins souffrir. Ces maladies peuvent également affecter la vie intime en diminuant l’estime de soi et en créant un certain stress, une anxiété de la performance.

Ces conséquences psychologiques peuvent considérablement inhiber la personne au moment des relations et se manifestent souvent chez les hommes par des difficultés à avoir une érection. Pour éviter ce cercle vicieux, il est important d’établir une relation de confiance, de rassurer l’autre et de le valoriser, afin notamment de vaincre les facteurs psychologiques pouvant engendrer une dysérection. 

Qu’est-ce que la dysérection ou dysfonctionnement érectil ?

La dysérection se définit comme une incapacité fréquente ou régulière d’obtenir ou de maintenir une érection pénienne suffisante pour avoir des rapports sexuels. Même si ces difficultés peuvent être éprouvées par chaque homme à un moment ou à un autre de sa sexualité, on parle de dysérection dès lors que cette incapacité perdure. les médecins estiment qu’environ la moitié des hommes entre 40 et 70 ans éprouvent fréquemment des difficultés à obtenir ou à maintenir une érection. Parmi les hommes de moins de 40 ans, un faible pourcentage connaît des problèmes de dysérection mais l’incidence augmente avec l’âge. 

"Il est toutefois indispensable de rappeler que 90% des dysérections peuvent être traitées." 

Quels sont les causes, les symptômes et les traitements possibles de la dysérection ?

La dysérection peut avoir de nombreuses causes, médicamenteuses, physiques et psychologiques. 

Les causes les plus fréquentes sont des troubles circulatoires puisque c’est le sang qui, en affluant vers la verge, permet l’érection. Ainsi, le diabète, une pression artérielle élevée, une hypercholestérolémie, la présence de caillots,  l’athérosclérose et le durcissement des artères peuvent créer des difficultés à avoir et à maintenir une érection. Certains cancers peuvent également provoquer une dysérection car ils s’attaquent aux nerfs ou aux artères essentielles à l’érection. Blessures, traumatismes ou chirurgies locales représentent aussi un facteur possible de dysérection. On mentionnera également l’alcool, certaines drogues comme la cocaïne ainsi que plusieurs types de médicaments comme les anxiolytiques, certains médicaments anticancéreux, les oestrogènes, les inhibiteurs bêta-adrénergiques et ganglionnaires, certains antidépresseurs et antalgiques, les sédatifs ainsi que des médicaments pour maîtriser une pression artérielle élevée. 

Comme nous l’avons mentionné, les facteurs psychologiques comme le stress, le manque de confiance en soi, des troubles relationnels liés à une relation tourmentée ou des traumatismes liés à l’enfance comme les abus sexuels, par exemple. 

Le diagnostic est établi sur la base d’un entretien approfondi avec le médecin sur les causes possibles, la prise éventuelle de médicaments, le moment de l’apparition des troubles au autres informations essentielles complété par la mesure de la tension artérielle et du taux d’hormones. Certains dispositifs et tests spécifiques comme la tumescence pénienne nocturne permettent de dissocier les causes psychologiques, nerveuses et circulatoires. 

Les traitements de la dysérection sont nombreux. Comprimés,  injections, ou certains dispositifs à utiliser immédiatement avant les relations sexuelles, d’autres faisant appel à la chirurgie, chaque solution doit être envisagée de manière individuelle avec son médecin traitant. Il est toutefois indispensable de rappeler que 90% des dysérections peuvent être traitées. 

Ainsi, malgré les difficultés liées à l’âge, la sexualité des seniors reste possible et même recommandée. Cependant, il est  indispensable de traiter les causes physiques et psychologiques pouvant constituer un frein à une sexualité épanouie. De nombreuses solutions existent, n’hésitez pas à en parler à votre médecin et à communiquer avec votre partenaire.

Rédaction : Rachel Gaillard
Rédactrice en chef
13 janvier 2020, à 14h02

Sexualité des séniors et remèdes

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